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hotography
Dix Mille Tours
Le Castellet 2017

H

ello,

Pour un aficionado de compétitions historiques, les 10000 Tours du Castellet représentent chaque année un rendez-vous incontournable. 2017 n'a pas dérogé à la règle car, ce week-end des 21-22 Octobre, il y avait encore du 'lourd' en action sur le plateau Provençal : 7 plateaux, dix courses, 282 bolides et environ 400 pilotes, qui ont permis de feuilleter de belles pages d'Histoire, des années 50 aux années 90.

En piste, des propriétaires comblés, des gentlemen drivers mais aussi de glorieux pilotes en activité ou 'retraités', comme Emanuele Pirro et Derek Bell (quintuples vainqueurs des 24 Heures du Mans), Stéphane Ortelli (vainqueur des 24 Heures du Mans 1998), Olivier Pla (pilote officiel Ford GT en Endurance), Jean-Pierre Malcher (triple champion de France de Supertourisme)...
Tout ce beau monde a évolué sous un soleil bien Provençal, mais les rafales de vent de 100km/h le Dimanche ont obligé l'organisateur à démonter préventivement les réceptifs du paddock.

En avant pour une sélection photo forcement subjective, de cette 8ième édition des 10000 tours !





B

ellissima... Qu'elle est belle, cette Ferrari 275 GTB/C ('C' pour Competizione bien sûr) !
Le châssis #9057, carrosserie aluminium, a été commandé en 1966 par Luigi Chinetti, le patron du NART (North American Racing Team). Au programme, quelques courses à Lime Rock, Bridgehampton et Thompson Raceway en 1966 et 1967...


FERRARI 275 GTB/C 1966




C

'est l'une des cinq Ferrari 512S engagées officiellement aux 24 heures de Daytona 1970, mais sa course prend fin prématurément sur accident, avec Ickx au volant.
Après réparation à l'usine, ses faits de gloire sont une 3ième place aux 1000km de Monza ainsi qu'à la Targa Florio.

Parmi les 26 châssis homologués, l'histoire de celui-ci (#1004) est singulière.

Ferrari s'en sépare à la fin des années '70... Inexplicablement sous le label #1024 ! Au cours des années 80, la véritable #1024 refait surface. Pour éviter le doublon, Ferrari renomme alors la fausse #1024 en #1012, mais, lors d'une certification, les experts découvrent sur ce châssis les traces incontestables de la réparation de Daytona 1970 !
Mea culpa de Ferrari, qui publie : 'The car we had sold to Swaters as 1024 was in reality 1004. Apparently we made a mistake'.


FERRARI 512 S 1970


FERRARI 512 S 1970


FERRARI 512 S 1970


A

près la 'S' en 1970, voici la 'M' en 1971, qui est une évolution pour contrecarrer la domination des Porsche 917 : modifications aérodynamiques, châssis plus léger, gros freins.
De nombreux modèles 512S se convertissent en 512M, comme ce châssis #1002. Ses principaux résultats, sous les couleurs de l'écurie espagnole Escuderia Montjuich, sont une 2ième place aux 1000 km de Paris 1970, puis au Tour de France Auto 1971.


FERRARI 512 M 1970

U

ne autre merveille, la 250 LM #5907. Sous la bannière Maranello Concessionnaires, elle remporte les 12 Heures de Reims 1964 avec Graham Hill et Jo Bonnier, puis les 9 Heures de Kyalami avec David Piper et Tony Maggs.


FERRARI 250 LM 1964




L

'Italie, ce n'est pas que Ferrari !


Maserati engine


ISO Grifo A3/C 1965

1

1572-010 est un châssis qui a collectionné les places d'honneur en 1972 et 1973, au sein de l'équipe Alfa Romeo d'usine (Autodelta). Entre autres, il faut noter la quatrième place de cet exemplaire au Mans 1972, aux mains de Vaccarella / De Adamich.



ALFA ROMEO 33/TT/3 1972


ALFA ROMEO 1750 GTAm 1971




D

uo de Porsche 962 en contre-jour... Au premier plan, le châssis #962-144 du Joest Racing, vu entre autres aux 24h du Mans 1990 aux mains de Henri Pescarolo, Jean-Louis Ricci et Jacques Laffite.
En arrière-plan, #962-155 du Obermaier Racing. Celle-ci arbore toujours, comme en 1993, le logo et le dessin du circuit des 24 Heures du Mans. Cette livrée a d'ailleurs été à l'origine d'un bras de fer entre le team et l'ACO, qui refusait initialement à Obermaier le droit de concourir sous ses couleurs, malgré une honorable 9ième place aux essais.
Curieusement (quand on connait l'inflexibilité de l'ACO), l'organisateur finissait par céder, et cette 962 franchissait la ligne d'arrivée en 7ième position, avec le titre (très officieux) de première Porsche.


PORSCHE 962 1989

9

62 toujours, version modifiée par Kremer. Celle-ci est le châssis carbone Thomson CK6-08/03, qui a couru 3 fois les 24h du Mans en 1991, 1992, 1993, prenant respectivement les 9ième, 7ième et 12ième places...


PORSCHE 962C 1990


PORSCHE 962C 1990


PORSCHE 962C 1990


U

ne autre 962 Kremer, #CK6-06/02, qui présente la particularité d'avoir été décorée en 1990 par l'artiste Allemand Peter Klasen. C'est la seule 962 à perpétuer la tradition des 'art cars'. Utilisée après Le Mans comme voiture de réserve, elle reprit du service dans la Sarthe en 1993, sous d'autres couleurs.
Elle a été récemment reconditionnée en livrée 'Klasen', et même de nouveau signée par l'artiste...


PORSCHE 962C 1990


PORSCHE 962C 1990


PORSCHE 962C 1990

Q

uelques photos extraites de mon portfolio 2016, pour mieux illustrer la magnifique décoration de cette 962...




PORSCHE 962C 1990


E

ncore une 962 (#962-901), version carrosserie longue : une robe élégante, taillée pour les interminables lignes droites du Mans.


PORSCHE 962C 1990


PORSCHE 962C 1990




P

orsche toujours, avec des 911 RSR en veux-tu en voilà.


PORSCHE 911 RSR 2,8l 1973


PORSCHE 911 RSR 3,0l 1975


PORSCHE 911 RSR 3,0l 1974

...

S

ous le regard d'autres 911 qui, en bord de piste, regardent passer leurs copines, comme dans le film 'Cars' !


3 spectators




8

9.C11.00 : tel est le numéro de châssis de cette Mercedes C11, qui procure toujours la même impression de force brute. Monocoque carbone, 730ch en course, plus de 900 en qualifications en ajustant la pression de turbo...
Un tonnerre mécanique, mélange de martèlements et de sifflements, qui semble capable d'arracher le bitume ! Ce châssis est le prototype C11 initial; il n'a jamais été utilisé en compétition mais lors de nombreux tests de mise au point.


MERCEDES BENZ C11 1989


MERCEDES BENZ C11 1989

P

our clore le chapitre des 'teutonnes', voici une BMW M1 Procar (#4301076) qui ne passe pas inaperçue...

La série monotype Procar se produisait en lever de rideau des grands prix de F1 européens, en 1979 et 1980. Elle mettait aux prises des pilotes de F1 sélectionnés en fonction de leurs performances dans leurs monoplaces, et des pilotes issus d'autres championnats internationaux (endurance, tourisme).
Les deux lauréats seront Niki Lauda en 1979 et Nelson Piquet en 1980.


BMW M1 Procar 1979




L

a Rondeau M382 #002 vue en contre-plongée, tous élytres ouverts... Cet exemplaire du Golden Eagle Racing a écumé les circuits américains en 1982, sans résultat probant à part une troisième place à Sears Point.


RONDEAU M382 1982

I

l ne peut y avoir d’ambiguïté sur le numéro de châssis de cette Group C... Puisqu'il s'agit d'un exemplaire unique !
La Cheetah G606 de 1991 a été conçue par le Suisse Chuck Graemiger, et construite par Racing Organisation Course (d'où son autre appellation de ROC 002). Aux mains de Pascal Fabre / Bernard Thuner, cette monocoque en fibre de carbone, propulsée par un Cosworth DFR, ne fut alignée que dans deux épreuves en 1991, Le Mans (abandon - boite de vitesse) et Magny Cours (abandon - moteur).
Prévue pour être compatible avec diverses motorisations, cette voiture ne fera jamais l'objet d'une production en nombre, pour cause de déclin du Groupe C.


CHEETAH G606 1989




C

omme disait Coluche, il faut bien s'arrêter de temps en temps pour désaltérer l'automobile.


LISTER Chevrolet Knobbly 1958

...

E

t c'est reparti en piste, avec LA curiosité des meetings historiques, la Howmet TX à turbine !
Elle a été développée et construite par le tandem Bob Mc Kee et Ray Heppenstall, pour courir la saison 1968 du championnat du monde d’endurance. Sa turbine d’hélicoptère fournit 400ch à... 57000 tours/mn (!).
L’une des innovations techniques de la Howmet TX réside dans le système de commande des gaz, qui permet de bénéficier d’un temps de réponse immédiat, tant à l’accélération qu’au freinage. Le poids de la voiture est de seulement 750 kg...

Au même titre que les Chaparral (avec lesquelles elle a un air de famille) et que les Ford GT40, la Howmet TX s'inscrit dans la lignée des voitures de course américaines ayant bousculé l'ordre établi par les marques européennes, telles que Ferrari ou Porsche.
Je me souviendrai du sifflement caractéristique et du parfum unique de kérosène qui accompagnent son passage…


HOWMET TX 1968


HOWMET TX 1968




J

e ne vous ai pas encore parlé du peloton (turbulent) des 'Tourismes'... Ici une meute de BMW 635 aux trousses d'une Escort !


FORD Escort RS Zakspeed 1981


BMW 3.0 CSL 1972

N

ous sommes en pré-grille, auprès d'un pilote de Jaguar E en pleine concentration. Pas moins de 20 Jaguar E s'alignaient dans le gigantesque plateau de... 82 concurrents du 'Sixties Endurance Racing' !!!


JAGUAR Type E 3.8L 1963

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JAGUAR Type E


C

ette Mustang, surprise ici en flagrant délit de... 'générosité dans l'effort', faisait le spectacle à chaque virage, avec entre autres Jules Gounon (vainqueur des 24h de Spa 2017) aux commandes !


FORD Mustang 289 1965




V

oici une Ford GT40, dont l'historique est empreint de tristesse. Il s'agit en effet de GT40P/1000 du Comstock Racing, au volant duquel Bob McLean a trouvé la mort lors des 12h de Sebring 1966... McLean était un pilote canadien prometteur. Ses résultats dans des épreuves nationales ayant retenu l'attention de Ford, le géant de Dearborn lui donnait une chance de se mesurer aux meilleurs sur une course, les 12h de Sebring.
Hélas, cette édition de Sebring allait tourner au cauchemar. L'accident de McLean à la 4ième heure ne sera jamais vraiment élucidé. On évoque l'hypothèse d'une rupture de suspension ou d'un étrier de frein, ou d'une attaque trop importante avec des pneus et des freins froids (il sortait des stands). Il périt dans sa Ford retournée, en flammes. En outre, ce jour-là, quatre spectateurs trouveront la mort des suites d'une collision entre une Porsche 906 et la Ferrari P2 d'Andretti...


FORD GT 40 1965

U

ne autre GT40, #GT40P/1078 qui a, suprême raffinement, un casque à son effigie !


FORD GT 40 1968


FORD GT 40 1968

D

e la GT40 à la Lola T70... Conçue par le même designer Eric Broadley.
À grand renfort d'essais en soufflerie, Broadley lui procurera une meilleure stabilité que la GT40 à haute vitesse, mais l'auto n'en demeura pas moins sous sa domination et celle des Porsche.


LOLA T70 Mk III 1968

L

a Lola T70 châssis #SL76/141 fut achetée en 1969 par le suisse Ulf Norinder, qui en prit possession à Daytona... Elle finira sa course dans le mur. Mauvais présage ? L'auto connaîtra tant d'avaries les courses suivantes...

Vendue en 1970 à la société Solar Production de Steve McQueen, elle entame alors une nouvelle carrière dans le film 'Le Mans'. Pour les besoins du scénario, la MkIII est envoyée contre le rail aux abords du virage d'Indianapolis.
Puis la production décide de la maquiller en Porsche 917 (!) et l'équipe d'un système de contrôle à distance. Là encore, c'est contre un rail, accélérateur bloqué, qu'elle termine sa prestation dans la scène d'accident tournée entre Arnage et les esses Porsche.


LOLA T70 Mk III B 1969




L

e soleil décline lentement sur le Castellet, il est temps de remballer... Les bolides, mais pas l'appareil photo, vu la lumière de folie !


LOLA T70 Mk III B 1969


FERRARI 512 S 1970


PORSCHE 962C 1990

L

es lieux à peine débarrassés et nettoyés, voilà que d'autres pensionnaires s'installent... Mais ceci est une autre histoire !


Renault F1 trucks


C

'est la fin de ce reportage photo... Bénis soient les meetings historiques, qui regorgent de passion, mécanique et humaine !

Avec l'avènement inexorable des 'électriques' dans notre quotidien, qu'on veut (va) nous vendre à marche forcée, je me prends à penser que ces meetings pourraient bien constituer sous peu un dernier bastion nostalgique pour ceux qui, comme moi, nés le siècle dernier, ont été 'bercés' aux sons des 'vieux moteurs' à explosion.

...

A

bientôt pour de nouvelles aventures !

Yann